L'accident de Beaune est un accident de la route survenu le sur l'autoroute A6 près de Beaune, en Côte-d'Or. Accident routier le plus meurtrier en France, il a fait 53 morts dont 46 enfants et adolescents âgés de 5 à 14 ans. La plupart des victimes se trouvaient à bord d'un autocar qui a pris feu à la suite de l'accident et étaient originaires de la commune de Crépy-en-Valois dans l'Oise.
Circonstances
À 20 h, le , deux autocars partent de Crépy-en-Valois, ville située à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris. Ils transportent des enfants et adolescents et leurs moniteurs, vers une colonie de vacances organisée par l'assistance sociale de la caisse d'allocations familiales de l'Oise, à Aussois en Savoie.
Au milieu de la nuit, les deux autocars qui se suivent sur l'autoroute A6 en direction de Lyon passent Beaune. Il pleut et la circulation est dense en ce temps de « chassé-croisé » des vacances d'été. Selon les témoignages, les autocars roulaient à plus de 120 ou 130 km/h, la vitesse exacte ne peut pas être connue car les chronotachygraphes furent détruits lors de l'accident. Les autocars circulaient sur la voie centrale et se suivaient à faible distance.
Peu après, vers 1 h 45, lors d'un ralentissement dans l'« entonnoir » de Beaune, une zone dangereuse où l'autoroute passe de trois à deux voies, une Citroën GS se trouvant sur la troisième voie se rabat précipitamment devant une Citroën 2 CV qui se trouvait déjà entre les deux cars. L'autocar de tête doit freiner car un autocar allemand situé devant lui freine. Il percute l'autocar allemand, mais sans conséquences dramatiques. Le deuxième car, victime d'une avarie du système de freinage, se déporte sur la voie de gauche, percute deux véhicules, parvient à revenir sur la voie centrale et vient finir sa course sur la 2 CV, projetant la première voiture sur le car de tête, provoquant un carambolage. Le réservoir de la 2 CV s'éventre, se vide sur la chaussée et l'essence s'embrase. Six véhicules prennent feu.
Le premier autocar est évacué par les conducteurs et les moniteurs. Dans le second, l'issue latérale avant est bloquée par la 2 CV encastrée. Deux moniteurs parviennent tout de même à faire sortir une quinzaine d'enfants par la porte arrière du véhicule mais 44 restent bloqués à l'intérieur avec les deux conducteurs et deux moniteurs. Cinq autres personnes, dont deux enfants, meurent dans les deux voitures (il n'y a pas de survivant dans les deux voitures impliquées).
Obsèques
Les familles sont informées de l'accident à 6 heures du matin. Le nom des enfants morts est communiqué par Michel Dupuy, maire de Crépy-en-Valois vers 11 h, suivant l'ordre alphabétique. Peu de corps sont identifiés.
Les obsèques ont lieu dans cette même commune le en présence du président de la République, François Mitterrand, du Premier ministre, Pierre Mauroy, et de plusieurs officiels.
Procès
Des associations de familles de victimes, ainsi que l'Unaf et l'Udaf de l'Oise se portent parties civiles. À la suite du procès, le transporteur est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et à 25 000 francs d'amende : le véhicule présentait en effet un système de freinage gravement défectueux. Un des conducteurs est condamné à six mois de prison avec sursis, un an de suspension de permis et 2 300 francs d'amende. La compagnie d'assurances doit verser 12 millions de francs aux familles des victimes.
Commémorations
Chaque année depuis plus de quarante ans, à la date anniversaire, la ville de Crépy-en-Valois commémore l'accident au cimetière à Crépy-en-Valois où reposent les victimes. Les familles des victimes, le maire et les élus de la commune se rendent également sur les lieux de l'accident pour une cérémonie de recueillement.
Marie-Andrée Martin, mère de trois victimes (un de ses enfants a survécu à l'accident) a créé l'Association des victimes de Beaune, qui rejoint la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs.
Cimetière de Crépy-en-Valois
- 49° 14′ 40″ N, 2° 52′ 47″ E
Les corps des victimes n'ayant pu être identifiées sont enterrés ensemble sous une grande stèle dans le cimetière d'Hazemont de Crépy-en-Valois. Sur les plaques on peut lire les noms des enfants.
Plaque commémorative au PK 313
- 46° 56′ 53″ N, 4° 49′ 46″ E
En contrebas du lieu de l'accident, au PK 313, sur le territoire de la commune de Merceuil, une plaque commémorative a été posée dans un petit parc arboré qui borde l'autoroute. L'épitaphe est ainsi formulée :
« En souvenir du tragique accident autoroutier qui provoqua la mort de 46 enfants et 7 adultes le — Beaune — Crépy-en-Valois. »
Mémorial pour l'Avenir
- 46° 51′ 43″ N, 4° 49′ 15″ E
Un mémorial est érigé en sur l'aire de repos du Curney, à une dizaine de kilomètres au sud du lieu de l'accident, sur le territoire de la commune de Fontaines. Il est baptisé Mémorial pour l'Avenir ou Jardin onirique.
Le monument est financé par une souscription publique de l'Association du mémorial national des victimes de la route, association présidée par la comédienne Nicole Courcel dont l'objet est d'« ériger un monument dédié aux victimes décédées dans des accidents de la route et destiné à sensibiliser la population à l'importance du drame social et humain que constituent ces accidents pour les familles comme pour le pays tout entier ».
En , le projet de l'architecte Jacques Valentin (d) et de la sculptrice Françoise Jolivet (d) remporte le concours d'architecture ouvert pour l'occasion. Le mémorial est inauguré le suivant,,.
Conséquences sur la réglementation
Le ministre des Transports d'alors, Charles Fiterman, décide de prendre des mesures strictes.
La vitesse maximale autorisée pour les autocars est réduite, la vitesse par temps de pluie pour tous les véhicules est réduite à 110 km/h sur autoroute et à 80 km/h sur route. Les transports collectifs d'enfants sont interdits pendant les périodes de chassé-croisé fin juillet et début août. Tous les véhicules lourds (camions et autocars...) doivent désormais être équipés d'un dispositif de limitation de vitesse, sur lequel toute modification par son utilisateur est rigoureusement interdite.
De plus, les constructeurs de véhicules destinés aux transports en commun doivent utiliser des matériaux incombustibles et non toxiques et poser des pare-brise en verre feuilleté.
Victimes
Les victimes de l'accident sont les suivantes, :
Les enfants morts dans l'autocar sont originaires de Crépy-en-Valois ou des communes environnantes. Plusieurs d'entre eux sont issus de familles nombreuses.
Les passagers de la Citroën GS sont un couple venant de Witry-lès-Reims, dans la Marne. Les passagers de la Citroën 2 CV sont une mère et ses deux enfants venus des Yvelines, qui rejoignaient leur mari et père à Avignon.
Notes et références
Dans les archives de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), sur ina.fr :
Sur OpenStreetMap :
Voir aussi
Bibliographie
- Jean Rouzet, chap. 12 « Les grandes vacances s'arrêtent à Beaune », dans Les grandes catastrophes en France : Au cœur des tragédies qui ont marqué le pays, Bruxelles, Ixelles éditions, , 350 p. (ISBN 978-2-87515-037-0, lire en ligne).
- Jacqueline Remy et Anne Vidalie, « Sylvie : « Plus à ma place en famille » », dans Grandir après : Que deviennent les enfants des faits-divers ?, Neuilly-sur-Seine, Michel Lafon, , 207 p. (ISBN 978-2-7499-4905-5, lire en ligne).
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